Immergé dans une atmosphère interculturelle depuis sa plus tendre enfance, passionné de la recherche, fasciné de la découverte de l’autre aux quatre coins du globe et expert quant aux relations internationales et au montage de projets.
Tels sont les facteurs qui ont inspiré le parcours académique et professionnel dense de M. Hervé Sabourin, le directeur de l’AUF au Moyen-Orient (Agence universitaire de la Francophonie), que j’ai eu l’immense plaisir de rencontrer au sein du bureau du CNF à Alexandrie, pour parler à coeur ouvert et échanger sur de nombreux sujets intéressants tels que: le rôle de l’AUF, la Francophonie au Moyen-Orient et les relations franco-égyptiennes.
De prime à bord, plusieurs facteurs ont forgé ce caractère interculturel de M. Sabourin, “le citoyen du monde”, qui a toujours été tenté par la passion de l’autre. En d’autres termes, cet homme de coeur et de talent trouvait souvent du plaisir dans l’exploration des autres peuples, des autres cultures, des autres langues et donc des autres dialogues.
C’est cet appel de l’autre qui l’a incité à un certain moment de renoncer à sa carrière académique traditionnelle, en tant qu’enseignant-chercheur, pour aller voir effectivement ce qui se passait ailleurs.
Ainsi, M. Sabourin, par le truchement de ses postes respectifs de vice-président d’université chargé des relations internationales (l’université de Poitiers), et actuellement le directeur de l’AUF au Moyen-Orient, a pu étancher sa soif quant à l’interculturel. D’ailleurs, ce grand homme, dont le montage de projets constitue le noyau de la vie professionnelle, oeuvre habilement afin de fabriquer pour les autres, bien entendu les étudiants et les enseignants des universités du Moyen- Orient, des stratégies et des visions de ce que la Francophonie peut leur apporter.
Quant à son travail au Moyen-Orient, M. Sabourin juge cette région d’être à la fois riche et complexe. En effet, à ses yeux, il est évident que les 15 pays membres de l’AUF dont l’Égypte, le Liban, la Syrie, l’Iraq incarnent l’histoire de l’humanité, étant donné la richesse de leurs civilisations séculaires et leurs apports cruciaux au monde au passé, au présent et même à l’avenir. M. Sabourin a cité à titre d’exemple l’Égypte qui a pratiquement 100 million d’habitants, dont la jeunesse florissante constitue une vraie richesse au niveau des ressources humaines. Il a avancé un autre exemple significatif, celui du Liban dont la richesse réside dans le fait que 18 communautés de toutes sortes ont appris à vivre, à travailler et à dialoguer ensemble. En revanche, le Moyen-Orient, d’après M. Sabourin, se veut “une région complexe” à cause de cette multitude de conflits au sein desquels elle est ancrée: révolutions, guerres etc... L’exemple le plus parlant de la richesse et la complexité du Moyen-Orient nous est fourni par la Syrie, ce pays riche aux vestiges millénaires qui est, en fait, devenu un théâtre d’affrontements épouvantables et destructeurs! Alors pour gérer cette région riche et complexe, le directeur de l’AUF au Moyen-Orient m’a confié la règle d’or ou plutôt les 3 grands principes qui font l’ossature de l’AUF en tant qu’association mondiale et gigantesque, à savoir : la solidarité active, le partage de la langue française comme vecteur d’intelligence collective et l’acceptation de la diversité culturelle et linguistique. D’une part, la solidarité active est synonyme du transfert. En effet, l’AUF, qui est le premier plus important réseau d’universités au monde, est représentée dans 115 pays du monde avec à peu près 900 établissements qui ont vocation à être liés entre eux. Alors, ce que savent les uns, l’apporteront aux autres.
Autrement dit, l’AUF est là pour fédérer les universités entre elles pour permettre que ce partage se fasse; de sorte que les universités un peu plus avancées puissent apporter une certaine expertise aux autres universités qui ont déjà acquis un certain nombre de connaissances solides de base.
D’autre part, le partage de la langue française comme vecteur d’intelligence collective est, selon M. Sabourin, l’un des principes fondamentaux de l’AUF car il est vrai que les activités de l’agence tournaient autour de la langue française qu’elle essayait de promouvoir dans le monde entier, mais l’AUF cherche à atteindre ce but différemment et ce, via les valeurs de la Francophonie qui représente avant tout les expertises et les savoir-faire des Français. Bien plus, M. Sabourin a mis aussi l’accent sur le principe le plus sacré que met en place l’AUF, à savoir, l’acceptation de la diversité culturelle et linguistique.
La sacralisation de ce principe s’explique, d’après M. Sabourin par le fait que notre région du Moyen- Orient est diversifiée. Penchons-nous un instant sur la façon dont parlent quotidiennement les Égyptiens: il s’agit d’un foisonnement de langues entre arabe, anglais et français. L’AUF exploite donc cette diversité en montant des projets qui la mettent en valeur. Citons à-titre d’exemple le projet du dialogue interculturel dont l’AUF du Moyen-Orient est typiquement leader dans l’AUF mondial car ce projet répond totalement à la configuration de la région.
D’ailleurs, l’interculturel se fait au Levant mieux qu’ailleurs grâce à sa diversité. “On utilise en quelque sorte la géographie et la constitution de la région pour pouvoir faire travailler ensemble les établissements sur des sujets qui les préoccupent” a affirmé M. Sabourin. C’est ainsi que les 3 principes de L’AUF sont mis en place au Moyen-Orient comme ailleurs.M. Sabourin est très convaincu que le fait de célébrer une amitié et d’une interaction culturelle entre deux grands pays est fondamental parce qu’il faut absolument que les pays apprennent à mieux se connaître à travers leurs peuples. Il a donc salué le lancement de l’année culturelle Egypte-France 2019. Par exemple, l’Egypte connaît la France à travers les médias, mais c’est vrai que l’Egypte connaît peut-être moins la France de ses valeurs. De même la France connaît seulement l’Egypte des Pyramides alors qu’il y a beaucoup d’autres richesses à connaître en Egypte. Alors, selon, M. Hervé Sabourin, ces rencontres permettent aux peuples d’acquérir la connaissance,la tolérance et c’est ainsi que les gens arriveront à vivre en paix.
Alors, M. Sabourin a indiqué que l’AUF avait, en 2014, comptait 52 établissements membres et qui aujourd’hui, compte 84 établissements.
Cette augmentation démontre que la Francophonie attire manifestement puisque l’AUF est quand même pressentie comme une agence soutenant la Francophonie universitaire. Quant à l’Égypte, M.Hervé Sabourin a affirmé qu’elle développe une Francophonie dynamique et ouverte et intègre parfaitement la dimension qu’ils veulent donner à l’éducation dans l’espace francophone.